Entrepreneur dans l’âme, Antoine Perrin a fait le pari, en 2017, de lancer sur Lyon sa propre activité de restauration traiteur bio et zéro-déchets : Délibio. Son projet ? Réconcilier les Lyonnais avec le bio et leur alimentation. Le trentenaire confiait à TVB : « J’ai toujours voulu faire un métier qui ai du sens pour moi et pour la planète ». Retour sur une aventure lyonnaise.
TVB : Peux-tu nous expliquer ton parcours en quelques mots ?
AP : Je suis un jeune entrepreneur Lyonnais de trente ans, qui a passé une grande partie de son adolescence à imaginer et concevoir des choses dans l’espoir d’améliorer la société. Dès l’âge de quatorze ans j’avais un fort attrait pour les domaines touchant à l’environnement, la biochimie, et l’ingénierie. C’est donc tout naturellement que je me suis dirigé à dix-huit ans vers une formation en biosciences à l’INSA. Au cours de ce cursus, j’ai eu la chance de recevoir un enseignement de qualité et de recevoir des cours d’entrepreneuriat très instructifs et inspirants.
TVB : Tu as monté ta première entreprise dans l’ingénierie mécanique à seulement 18 ans. Comment as-tu trouvé la motivation nécessaire pour te lancer dans un tel projet si jeune et tout seul ?
AP : Il faut savoir que j’ai toujours été d’une nature assez autodidacte et solitaire. Entreprendre et me lancer dans des projets divers m’a toujours motivé. À seize ans j’avais déjà demandé à mes parents s’ils ne pouvaient pas m’émanciper ! [rires]. Durant mes années lycée j’avais tout un tas d’idées qui fourmillaient dans ma tête, mais il me manquait les ressources nécessaires à la concrétisation de celles-ci. À mon arrivée à l’INSA, tout est devenu différent. L’effervescence créative qu’il y avait autour de moi m’a beaucoup inspiré. Grâce à mon entourage et à l’enseignement que j’ai reçu, j’ai ainsi pu me lancer sans crainte dans la création de cette toute première entreprise. Même si le projet n’est pas parfait, le plus important c’est de se lancer et d’aller au bout de ses idées ainsi que de ses rêves.
TVB : À quel moment de ta vie ton parcours a-t-il prit la direction du bio et de l’éthique ? Pourquoi ?
AP : Je ne peux nier que l’environnement a toujours eu une grande place dans ma vie. J’ai grandi dans les Vosges et donc eu la chance d’être en connexion permanente avec la nature et l’environnement. L’éducation très éthique et écoresponsable que j’ai reçue de mes parents a également fortement contribué à la construction de mes valeurs personnelles. Je savais pertinemment que plus tard je souhaitais mener un projet qui ait du sens pour moi, mais qui aiderait aussi à la fois l’humain, la santé, et la planète.
Le projet Délibio a néanmoins vu le jour beaucoup plus tard ! Cette prise de conscience pour la nourriture bio et écoresponsable est apparue bien après, durant mes années de travail en entreprise. J’étais fatigué de consommer que des produits industriels, sans saveur, mauvais pour ma santé et pour la planète. En voulant me tourner vers une nourriture plus responsable et saine, je me suis rendu compte que l’offre en traiteur bio sur la région lyonnaise était très limitée. Je me suis donc dis naturellement : « Et pourquoi moi je ne le ferais pas ? ». Après quelque temps de réflexions, de rencontres, et d’essais culinaires, Délibio a ainsi vu le jour en 2017.
TVB : En quoi consiste le projet Délibio ?
AP : Délibio c’est un service de restauration traiteur mettant en avant la cuisine bio, locale, de saison, et zéro-déchets par la livraison de plateaux-repas. Nous mettons un point d’honneur à choisir méticuleusement nos différents aliments (légumes, viandes, fruits) auprès de fournisseurs bio et Lyonnais. Mais Délibio ce n’est pas juste du fait maison ! Notre savoir-faire principal c’est le travail des produits bruts. Nous regardons d’abord les aliments de saison disponibles et seulement ensuite nous élaborons des recettes afin de pouvoir les cuisiner. Nos deux chefs cuisiniers prennent vraiment le temps de mijoter des petits plats qui sont aussi soignés que dans un restaurant classique. Ces plateaux-repas sont ensuite livrés directement chez le consommateur encore tout chaud !
Nous souhaitons également respecter le plus possible une politique zéro-déchets. C’est pourquoi lorsque nous livrons les plateaux-repas, nous fournissons également tout le matériel lavable qui va avec, que ce soit bocaux, couverts, et contenants. Nous récupérons ensuite tout cela afin de pouvoir les laver et les réutiliser. Les restes alimentaires sont également récupéré et mis dans notre compost personnel. Celui-ci est ensuite collecté une fois toutes les semaines par une entreprise de compostage, appelée les Détrivores.
TVB : Qui se cache derrière l’entreprise Délibio ?
AP : Derrière le nom Délibio, il y a une petite équipe de cinq personnes : deux cuisiniers, une personne s’occupant du pôle logistique, et un livreur. De mon côté je m’occupe de toute la partie commerciale et économique, mais aussi des relations avec les clients. Étant un travailleur solitaire et indépendant, j’ai toujours eu beaucoup de mal à déléguer les tâches et à accorder ma confiance à une équipe. Néanmoins, les personnes avec qui je travaille actuellement sont extrêmement compétentes et je sais que j’ai beaucoup de chance de les avoir à mes côtés.
TVB : Vous proposez une carte qui s’adapte à de nombreux régimes alimentaires : sans gluten ni lactose, végétarien, vegan…
AP : Nous proposons en effet un service qui correspond au plus grand nombre de régimes alimentaires. C’est très important pour nous de varier le plus possible la carte et les aliments proposés, afin de satisfaire le plus de monde. L’élaboration de toutes ces recettes différentes a néanmoins mis un certain moment à se concrétiser. Les cuisiniers prennent vraiment le temps de goûter et de développer au maximum chacun des plats préparés, afin de les rendre les plus parfaits possible. Dans l’équipe la plupart des personnes sont carnivores ! Grâce à Délibio ils ont ainsi pu développer beaucoup de compétences culinaires et prennent un vrai plaisir aujourd’hui à innover et créer sans cesse des choses différentes en cuisine.
TVB : Peux-tu me dire quel type de menu vous proposez, en hiver par exemple ?
AP : Nous n’avons pas de menu fixe, la carte change tous les jours. Comme je l’ai précisé précédemment, nous nous efforçons de cuisiner des aliments de saison et qui sont disponibles. Il y a tout de même certains plats qui ont souvent la cote auprès de nos clients et que nous adorons réaliser lorsque la saison le permet. Il y a par exemple notre fameux risotto et couscous maison, qui sont très souvent commandés et dont les clients raffolent. Notre autre point fort : les desserts gourmands et fruités que nous proposons… Peu de gens y résistent!
TVB : En plus de la livraison de plateaux repas, peut-on faire appel à vous pour la restauration d’un quelconque événement ?
AP : Notre métier principal est la livraison de plateaux-repas en entreprise. Nous en apportons plus de milles par mois. Il est également possible de livrer des buffets sous forme de bocaux à l’occasion d’événements divers, tels que des conférences, des séminaires, etc. Pour ce genre de demande, il faut nous prévenir au moins quinze jours à l’avance. De temps en temps nous avons également des demandes spéciales telles que de la restauration traiteur pour un mariage. Dans ce cadre-là, nous tentons de faire en sorte à ce que les repas soient servis à table, dans un cadre chaleureux et festif, avec des serveurs qui prennent le temps de soigner la qualité du repas proposé. Pour la plupart des services que nous proposons, nous souhaitons vraiment prendre le temps de connaître les clients, de les voir, d’échanger avec eux, mais surtout d’établir une vraie relation de confiance.
TVB : Tentez-vous de vous engager dans l’éthique et l’écoresponsable jusque dans votre mode de livraison ?
AP : Malheureusement non, pas pour le moment. Par gain de temps et par soucis de praticité nous livrons tous nos plateaux-repas en voiture. Mais lorsque nous en aurons les moyens, nous avons bien entendu pour projet d’investir dans une voiture électrique et plus respectueuse de l’environnement.
TVB : Avez-vous un jour l’envie d’ouvrir sur Lyon votre propre lieu de restauration où les gens pourront directement venir consommer vos plats ?
AP : Aujourd’hui avoir notre propre restaurant semble être un réel risque sur le plan économique. Nous ne pouvons nous le permettre. L’année passée nous avions un stand fixe à la Commune dans le 7ème arrondissement, mais nous avons vite dû mettre la clé sous la porte car cela ne nous rapportait pas assez. Nous avions vraiment l’impression de donner beaucoup de notre personne dans la préparation de plats frais et bio, mais les gens préféraient consommer moins cher ce qui était pourtant bien moins éthique… Mais cela ne nous a pas découragés pour autant ! Nous tentons pour le moment de faire perdurer notre activité de livraison de plateaux repas, tout en travaillant avec deux points de vente Lyonnais, qui sont les magasins de vrac Bulko et à La Source.
TVB : Vous avez beaucoup évolué depuis le lancement de votre concept. Quelle est la prochaine étape pour Délibio en 2019 ?
AP : Nous n’avons pas de grands projets en perspective pour l’année à venir, seulement la volonté d’établir une certaine stabilité et pérennité économique pour l’entreprise. Nous souhaitons continuer à dynamiser durablement l’activité sur la région Lyonnaise avant de penser à s’exporter ailleurs. Ce n’est pas une course contre la montre, de notre côté on prend le temps de bien faire les choses. Nous sommes convaincus qu’il y a toujours matière à s’améliorer. Pour l’année 2019, l’objectif sera donc de perfectionner la qualité, le service, et de continuer à défendre nos valeurs engagées.
TVB : Il y a beaucoup d’idées reçues disant que bio est souvent synonyme de coût élevé… En conclusion, que répondrais-tu à cela ?
AP : Je ne leur dis rien, je leur offre tout simplement un plateau-repas et je les laisse juger par eux-même… [rires]. Pour être honnête, je n’ai jamais goûté à autant de diversité depuis que je mange végétarien et bio. J’ai appris à découvrir tellement de saveurs et de nouveaux aliments ! Il faut aussi réaliser que ça ne coûte pas forcément plus cher de manger mieux. Il y a une vraie reconversion aujourd’hui dans l’alimentation. Une fois que l’on a commencé à découvrir toutes ces nouvelles saveurs, on peut difficilement revenir en arrière. Peu de gens le regrettent. Il faut oser prendre le risque du changement, pour soi et surtout pour la planète.
Charlène Dosio
La solution proposée : proposer une offre Bio et zéro déchets en bocaux repas.
Plus d’infos : http://delibio.fr/