Créer des échanges entre habitants et réfugiés grâce à la couture, voilà l’ambition du Tissu solidaire. Lancé en 2015, ce projet a été porté par deux étudiantes, Flora et Marie, et l’association Enactus IAE Lyon, qui soutient l’entrepreneuriat social étudiant. Flora revenait alors d’un an et demi d’échange à Istanbul où elle avait fait du bénévolat auprès de réfugiés syriens. Après une étude de besoins dans un centre pour demandeurs d’asile, elles ont décidé de construire le projet autour de la couture, une activité créatrice accessible à tous. Depuis lors, 50 activités socio-culturelles ont été organisées, ainsi que 300 ateliers de couture qui ont regroupé près de 500 participants.
TVB : Comment aimez-vous décrire le projet aux personnes que vous rencontrez ?
Flora Vidal : Notre rôle est de développer des outils d’inclusion sociale et économique pour les nouveaux arrivants. Tout le monde est bienvenu aux ateliers du Tissu solidaire, il n’y a pas de distinction de statut, nouveaux arrivants et locaux se mélangent pour créer ensemble.
TVB : Quels sont les différents types d’atelier ?
FV : Il y a les ateliers « do it yourself » (fais le toi-même) où le participant peut repartir avec ce qu’il a créé, les « do it together » (le faire ensemble) en réponse à des commandes, ainsi que quelques ateliers mères-enfants. Tout se déroule à la Maison des étudiants ou au Textile Lab. Les participants aiment coudre, davantage pour les autres que pour eux-mêmes.
Le but est avant tout de provoquer la rencontre, de les sortir de leur quotidien et, en plus, la conception les valorise. Nous avons aussi lancé un projet pilote sur un parcours de retour à l’emploi, pour 12 participants, qui repose sur la couture et son projet marchand, le français langue étrangère et la construction du projet professionnel. Nous souhaitons travailler sur l’employabilité des personnes réfugiées également.
TVB : Pourquoi avoir choisi de travailler sur la solidarité aux migrants ?
FV : Je pense que c’est parce que nous étions sensibilisées au sujet et que nous pouvions proposer un positionnement nouveau et original. Nous co-construisons un parcours de vie sociale avec le bénéficiaire, avec la couture comme moyen d’action. On essaye de s’éloigner le plus possible du rapport aidant-aidé. Au cœur du projet, notre vision est qu’à travers la création les individus se reconstruisent plus vite après des parcours de vie parfois bouleversés.
TVB : Comment voyez-vous la suite du projet ?
FV : Nous souhaitons capitaliser sur notre projet pilote de remobilisation professionnelle et ouvrir plusieurs programmes tremplins de retour vers l’emploi des nouveaux arrivants. Nous souhaitons aussi agrandir l’équipe et créer un tiers-lieu qui pourrait devenir lieu-ressource sur cette thématique. On va aussi organiser plus d’ateliers divers, de tables rondes et de groupes de parole.
Zoé Larose
Crédit photo: Association Le tissu solidaire
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