

L’ONG Gynécologie sans frontières (GSF) suit une approche globale pour prendre soin des femmes sur le plan médical, social et psychologique. Elle apporte des soins gynécologiques gratuits dans les pays où les infrastructures sont insuffisantes, voire inaccessibles. Depuis 2015, elle intervient aussi en France, dans les camps et centres d’hébergement où vivent des milliers de femmes exilées à la santé précaire.
Claudie Louet et Eve-Marie Armagnat, toutes deux sages-femmes, sont les référentes lyonnaises de GSF, une ONG fondée en 1995, qui réunit des gynécologues obstétriciens et des sages-femmes bénévoles. Après des années de présence à l’étranger, pour des missions de formation des acteurs locaux, GSF a jugé indispensable de prendre également soin des femmes exilées en France. La mission humanitaire d’urgence Caminor voit le jour dans les camps de réfugiés du nord de la France. Un dispensaire mobile de gynécologie obstétrique a été installé sur place pour prodiguer des soins indispensables.
À l’issue de la mission Caminor, Richard Matis, vice-président de GSF, affirmait que 70 % des femmes rencontrées dans les camps en France avaient subi des violences sexuelles. Les bénévoles de CamiLyon entendent des récits de vie terribles (violences, prostitutions, etc.) entraînant des grossesses non désirées, des maladies sexuellement transmissibles, des blessures physiques et psychiques. GSF s’emploie alors depuis à réparer corps et esprits avec une approche médicale mais aussi sociale et psychologique.
Un déploiement national
GSF a poursuivi des maraudes quotidiennes sur les 8 camps et ouvert deux refuges pour que les plus vulnérables puissent se mettre quelques jours à l’abri. Fin 2017, après 25,5 mois de présence, l’ONG recensait 15 475 actes dont 217 suivis de grossesse, 31 accompagnements et prises en charge d’IVG.
GSF veut désormais se déployer sur toute la France. Lyon réunit déjà 15 bénévoles avec une présence dans des centres d’hébergement gérés par Forum Réfugiés ou d’autres. Ce sont des interventions collectives, via des ateliers de santé pédagogiques autour de différentes thématiques. Peu à peu des liens se tissent, les échanges se font plus intimes. « Nombre de femmes exilées souffrent de stress post-traumatique. Lors de nos échanges, nous les orientons vers les structures adéquates. Nous ne faisons pas de médecine au rabais, nous les accompagnons pour des actes, des consultations dans les centres hospitaliers de proximité et de qualité », nous confient Claudie et Eve-Marie.
Laurence Duran