

Qualité de l’air intérieur et extérieur, nuisances sonores, pollution des eaux, polluants éternels… figurent parmi les causes d’une santé dégradée. Pour contribuer à la prévention des maladies chroniques des politiques publiques sont mises en œuvre.
Le rapport de Santé publique France publié en janvier 2025 tire la sonnette d’alarme. L’exposition à la pollution de l’air a un impact sur la survenue des maladies chroniques dans l’hexagone. Outre les 40 000 décès par an imputables aux particules fines -dues en particulier aux transports routiers et au chauffage -, l’étude estime que, selon les types de polluants et de maladies, 12 à 20 % des nouveaux cas de problèmes respiratoires chez l’enfant seraient liés à l’exposition à long terme à un air vicié. Un facteur à l’origine, également, de 7 à 13 % des nouveaux cas de maladies respiratoires, cardiovasculaires ou métaboliques chez l’adulte.
Cancer du poumon, broncho-pneumopathie, asthme, AVC ou encore diabète de type 2 ont, dans certains cas, à voir avec les particules fines (PM2,5) et le dioxyde d’azote que nous respirons, selon cette analyse. Du reste, les effets létaux de la pollution de l’air viennent en troisième position après le tabac et l’alcool, devant les accidents de la route. Ces travaux rejoignent nombre de recherches déjà réalisées de par le monde. Il y a une décennie l’OMS notait d’ailleurs que « peu de risques ont un impact supérieur sur la santé mondiale à l’heure actuelle à la la pollution de l’air ».
Les réponses en santé environnementale progressent
Dans un tel contexte, les défis à relever en matière de santé publique sont majeurs. La volonté de décarboner notre pays constitue une réponse à cette situation. L’étude de Santé publique France montre qu’une réduction significative des concentrations de particules fines aux niveaux recommandés par l’OMS permettrait d’éviter 30 000 nouveaux cas d’asthme chez l’enfant de 0 à 17 ans. De fait, des mesures existent sur les transports et le chauffage notamment, même si elles restent insuffisantes, comme les Zones à faibles émissions dans les métropoles ou l’incitation aux mobilités douces avec une extension des pistes cyclables.
Au-delà de ce type de pollution, la loi du 27 février 2025 visant à protéger la population des risques liés aux substances contenant certains polluants éternels, connus sous l’acronyme de PFAS, témoigne d’une volonté de s’emparer du sujet. Ainsi, dès 2026 les cosmétiques qui en comprennent seront interdits. En 2030, la loi touchera l’ensemble des textiles. Un contrôle de l’eau potable et une carte des sites émetteurs de PFAS sont également prévus.
Le 4e plan santé-environnement (PNSE 2021-2025) s’attaque aussi plus largement aux différentes dégradations des milieux qui affectent la santé. Sans revenir sur l’ensemble de ses orientations, la connaissance constitue un axe prioritaire, « avec une approche spécifique sur les multi expositions liées aux produits chimiques tout au long de la vie de l’individu »., précise le rapport. La réhabilitation de friches polluées, l’information des habitants vivant à proximité et leur suivi médical participent des dispositifs encouragés par le plan. Le PNSE se penchera également sur l’augmentation des cas de légionellose pouvant être liés aux réseaux de distribution d’eau. Enfin, parmi les mesures à développer figure la réduction de l’exposition au bruit dans le logement social, autour des axes routiers, ferroviaires et des aéroports.
Le bilan des PNSE sur 15 ans
Le dialogue, mis en place dès 2004, illustre une prise de conscience progressive qui s’est concrétisée dans des orientations, dans le financement des recherches, et des dispositifs déclinés ensuite au niveau régional et local.
De fait, le bilan des plans successifs réalisé en 2022 a montré quelques avancées et proposé des pistes de progrès. Parmi les points positifs, le Haut Conseil à la santé publique relève que les PNSE ont favorisé la connaissance qui a permis l’élaboration de politiques correctrices dans certains domaines. Ils ont amélioré le suivi de la contamination des milieux, en particulier ceux de l’air extérieur et intérieur et des milieux aquatiques. Ils ont aussi mis en avant des thèmes émergents et travaillé sur les expositions aux nanomatériaux et aux perturbateurs endocriniens. De même, la communication et la sensibilisation des publics et des professionnels ont joué un rôle essentiel.
Pour autant, c’est bien au niveau régional et local que les actions de prévention en santé environnementale sont les plus visibles, avec une sensibilisation à ces problématiques et un rapprochement effectif des professionnels appartenant à des organismes et services différents. L’amélioration effective de certaines situations locales sur la qualité de l’eau domestique ou la lutte contre le saturnisme dans l’habitat ou encore contre la précarité énergétique en attestent. A Montreuil (93) par exemple, l’OPHLM de la Ville a effectué une rénovation de ses immeubles qui a permis une économie de 30% des coûts énergétiques et d’eau tout en diminuant l’impact sur le climat. Quant à la lutte contre le mal-logement, préjudiciable en particulier aux enfants, une grande opération de réhabilitation de l’habitat privé est engagée depuis plusieurs années. Elle permettra à près de 900 familles de trouver des conditions de vie normales. Ces démarches croisent d’autres politiques et s’inscrivent aussi dans l’objectif des PNSE de réduire les inégalités environnementales de santé.
Une combinaison de polluants et de modes de vie
Pour aller plus loin, on ne fera cependant pas l’économie d’une réflexion sur les modes de vie et de développement. La liste des substances toxiques issues des activités humaines – industrielles, agricoles, agro-alimentaires, transports, … – est longue. Or la combinaison de différents facteurs, environnementaux d’une part, sociaux d’autre part, peut avoir des résultats inattendus. Conjugués à des problèmes nutritionnels et comportementaux, les polluants environnementaux pourraient en effet contribuer à l’épidémie d’obésité selon les observations de différents chercheurs. Autre exemple, les allergies augmentent et connaissent parfois un effet « cocktail » encore plus impactant sur la santé. Une situation que l’on rencontre lorsque les pics de pollen coïncident avec les pics de pollution. Aussi la Ville de Dunkerque a-t-elle décidé de mettre à la disposition des habitants la gratuité totale des transports en commun pour limiter l’usage de la voiture. Une partie des automobilistes, certes encore insuffisante, a déjà changé ses habitudes, ce qui en soit est une réussite ! Reste que les réponses aux enjeux environnementaux et de santé sont complexes à mettre en œuvre, tant les interactions s’avèrent nombreuses. D’ailleurs, pour la plupart des acteurs concernés, le chantier demeure immense. Et passionnant …
Virginie Bathellier