Depuis sa création en 1964, la liste rouge dressée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) – aidée d’un cortège de scientifiques et naturalistes spécialistes des espèces – est une référence en matière d’état de santé des espèces. Malgré un bilan de plus en plus critique, la liste rouge permet d’impulser et d’orienter des actions de conservation et de protection.
« La liste rouge mesure le risque d’extinction des espèces dans le monde. À chaque nouvelle actualisation, on voit la confirmation de la gravité de la situation » se désole Florian Kirchner, responsable du programme « Espèces » au sein du comité français de l’UICN. Sur les 138 374 espèces recensées, 38 543 sont menacées d’extinction, à tous les niveaux. 41 % des amphibiens, 14 % des oiseaux, 26 % des mammifères et 34 % des conifères, entre autres, le sont au niveau mondial.
« Lorsqu’on agit à temps et de la bonne façon,
on peut restaurer des situations favorables »Florian Kirchner de l’UICN
Chaque année, l’UICN évalue de nouvelles espèces et en réévalue une partie. 10 000 experts participent à l’élaboration de cette liste, « souvent des scientifiques ou des naturalistes chevronnés sur le terrain, indique Florian Kirchner. Nous avons besoin de données scientifiques et de l’expertise des personnes ». Les critères étudiés pour catégoriser les espèces « en danger critique », « en danger » ou « vulnérable » sont les suivants : taille de la population, aire de répartition géographique, degré de peuplement et fragmentation de la répartition.
Recenser les espèces menacées pour mettre en place des mesures adaptées
Le congrès mondial de la nature de Marseille de septembre 2021 a été l’occasion de communiquer l’actualisation de cette liste. Parmi les changements, le dragon de Komodo – plus grand lézard du monde et espèce endémique d’Indonésie – passe de « vulnérable » à « en danger ». « Malgré la protection de son habitat (le parc national de Komodo, NDLR), le dragon de Komodo est menacé par le changement climatique. Du fait de la hausse des températures et de l’élévation du niveau de la mer, des projections montrent une réduction de son lieu de vie. » Également réexaminée, la situation des raies et requins s’aggrave, avec 37 % des espèces menacées en raison d’une surpêche et de l’absence d’entente entre les États sur les quotas, selon l’expert de l’UICN.
Le thon rouge sort de la liste des espèces menacées
« Malgré tout, il y a chaque année de bonnes nouvelles, qui sont pour nous d’importantes bulles d’espoir car elles font suite à des actions pertinentes. Ça montre que lorsqu’on agit à temps et de la bonne façon, on peut restaurer des situations favorables », dit-il encore. Par exemple, le thon rouge, dont l’effondrement des stocks avait conduit à l’interdiction de sa pêche. « Heureusement qu’on a fait cela à temps car ils ont retrouvé de la vigueur au point que 4 des 7 espèces les plus exploitées commercialement voient leur situation s’améliorer », précise encore Florian Kirchner. Plus qu’un outil scientifique et d’alerte, la liste rouge sert surtout à orienter les actions de protection, « autant des politiques publiques que les stratégies des associations, insiste Florian Kirchner. La liste rouge est utilisée par tous les acteurs de la préservation de la nature pour orienter l’action ».
Marie Albessard