L’association Coiffeurs Justes souhaite recycler les quelques 3 500 tonnes de déchets capillaires produites chaque année par les salons de coiffures. Grâce à ses multiples atouts naturels, le cheveu peut jouer un rôle important dans l’économie circulaire.
Les coiffeurs lavent les cheveux, les teignent, les frisent, les crêpent, les lissent, les coupent. Le mèches sont ensuite ramassées puis misent à la poubelle. En France, entre 3 000 et 4 000 tonnes de cheveux sont balayées puis jetées par les salons de coiffure chaque année. Le cheveu représente environ 50 % des déchets d’un salon de coiffure, peut-on lire sur le site de l’association Coiffeurs Justes. Ce déchet capillaire comportant de nombreuses qualités, Thierry Gras, coiffeur et fondateur de Coiffeurs Justes ne comprenait pas pourquoi personne ne le réutilisait. « Personne ne le fait mais l’idée est pourtant ancienne puisque les Mongoles utilisaient déjà le poil de yack il y a 3 000 ans, pour construire leurs yourtes en feutrine », raconte-t-il. Sensible aux mécanismes de l’économie circulaire, il a donc décidé de se lancer.
Créée en 2013, l’organisation est la première à valoriser ce type de déchet organique en les convertissant en ressource. « Les coiffeurs peuvent mener des actions écologiques en recyclant les cheveux », souligne Thierry Gras.
2 kg de cheveux représentent environ 220 coupes
Déjà 1 300 salons ont adhéré à sa démarche respectueuse de l’environnement. Thierry Gras prévoit de dépasser les 5 000 adhérents d’ici la fin de l’année 2019. « En un mois, un coiffeur peut fournir un sac qui contient deux kilos de cheveux. Cela équivaut à environ 220, 230 coupes », explique-t-il. Les sacs sont récupérés puis stockés chez le fondateur de Coiffeurs Justes qui les transmet à son tour à des associations partenaires qui les transforme en matière pour l’isolation dans le bâtiment ou pour nettoyer les océans.
Les composants capillaires possèdent de multiples atouts.
Le cheveu est tout d’abord cylindrique donc incompressible, ce qui signifie que « c’est un isolant naturel et en plus, il est très résistant. L’écraser complètement est impossible. C’est pourquoi on les a sur la tête ! », s’exclame Thierry Gras. Le cheveu peut donc renforcer certaines structures en plastique ou en béton, être utilisé comme isolant phonique ou thermique ou encore, servir de filtre dépolluant. « Le cheveu est aussi lipophile. Cela veut dire qu’il peut absorber le sébum mais aussi les molécules d’hydrocarbures » explique-t-il. Le cheveu pourrait donc agir comme une éponge face à une marée noire.
Enfin, les fils capillaires sont imputrescibles soit inaltérables. « Les cheveux ne pourrissent pas, ne s’usent pas. C’est un matériau de choix pour l’économie circulaire. », conclut Thierry Gras.
Marion Joubert
La solution proposée : Recycler les cheveux coupés par les coiffeurs pour en faire une matière première utile à l’isolation et à la capture d’hydrocarbures.
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