Après plusieurs expériences de woofing (bénévolat agricole en échange du gîte et du couvert), Bastien Boyer s’intéresse à l’agriculture urbaine. Un terrain à Collonges aux Monts d’Or mis à disposition par Habitat et Humanisme et 13 moutons plus tard, c’est le projet de la Bergerie Urbaine qui naît. Aujourd’hui, ce sont 15 bénévoles qui s’impliquent chacun à leur façon pour prendre soin du troupeau. Nous avons rencontré deux d’entre eux : Bastien Massias, étudiant à l’école Supécolidaire, et Marion Sardat, assistante vétérinaire de formation.
TVB : Pourquoi vouloir rapprocher le monde agricole et le monde urbain ?
BM : Le troupeau se déplace en milieu urbain à pied sur plusieurs kilomètres. Cela permet de valoriser les espaces naturels présents en ville et de les rendre nourriciers. La nature en ville passe ainsi d’une fonction esthétique à une fonction agricole. Nous promouvons un nouveau modèle de consommation de viande qui redonne un sens au métier d’agriculteur.
MS : L’animal ralentit la ville dans un monde où tout va très vite. Par exemple, lorsque le troupeau traverse un passage piéton, les voitures s’arrêtent et ne klaxonnent plus. Cela questionne notre rapport au temps et réintroduit le vivant en ville.
TVB : Quel pâturage vous a particulièrement marqué ?
MS : Nous avons emmené le troupeau au Parc de Parilly, un endroit où les gens ne font que passer. Cela a créé beaucoup d’interactions, avec des gens qui ont pris le temps regarder ce qu’il se passe. Les animaux sont de très bons médiateurs pour engager la conversation sur l’environnement, notre alimentation et l’impact que cela a sur nos vies.
BM : Nous sommes allés à la rencontre des étudiants de l’université Lumière Lyon 2 avec les moutons en pâturage sur le campus de Bron. Les étudiants se sont approchés pour prendre des photos et les publier sur les réseaux sociaux. Beaucoup se sont questionnés sur la présence d’un troupeau en ville : sont-ils à leur place ? Comment doit être la ville de demain ?
TVB : Quels sont les impacts environnementaux de la présence des moutons en ville ?
BM : Le passage des moutons en ville, d’espace vert en espace vert, va les fertiliser et leur apporter de la biodiversité. Les insectes et les oiseaux mangent leurs déjections quand graines et semences s’accrochent à leur laine et tombent plus loin sur leur parcours.
MS : En ville il y a beaucoup de diversité floristique. Par exemple, les plantes qui s’infiltrent dans les trottoirs sont de bonnes ressources alimentaires pour les moutons. Et l’alimentation chez le vivant c’est la première source de santé.
Florie Calatayud
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