La fondation du Prix mondial de l’alimentation vient de nommer sa lauréate 2021 : Shakuntala Haraksingh Thilsted, pour ses travaux de recherche et d’innovations dans le développement de systèmes alimentaires nutritifs, grâce à l’aquaculture. Elle recevra en octobre 2021 le prix mondial de l’alimentation.
La danoise, originaire de Trinité-et-Tobago, a développé des techniques de nutrition peu onéreuses et très nutritives pour les pays en voie de développement en Asie. Elle promeut depuis plus de 20 ans la polyculture de petits poissons dans les étangs, facilement reproductibles, et riches en acides gras et micronutriments.
En 2004, elle convainc le ministère de la Pêche et de l’Agriculture du Bangladesh d’interdire le nettoyage des étangs et l’utilisation de pesticides qui tuent les poissons d’origine naturelle. Elle marquait alors un tournant dans la prise en compte, à la fois environnementale, mais aussi sociale, de l’aquaculture, permettant aux populations locales de se nourrir sainement et à moindre coût.
Depuis, la production aquacole au Bangladesh a triplé et le secteur fait désormais vivre 18 millions de personnes, faisant du pays le cinquième plus grand producteur aquacole au monde. L’augmentation des revenus et l’accès à des poissons nutritifs ont permis au Bangladesh de réduire de plus de moitié la faim chronique et d’un quart le nombre d’enfants souffrant d’insuffisance alimentaire au cours de la même période.
Au Cambodge, où des millions de personnes dépendent de la pêche dans les rizières, pour leurs revenus et leur nourriture, elle a aidé à établir des étangs de rizières pour produire du poisson pendant la saison sèche.
Elle a aussi créé des combinaisons hautement nutritives de poisson séché, de riz riche en fer et de patate douce orange riche en vitamine A, facilement accessibles pour les mères et les enfants les plus touchés. Le prix mondial de l’alimentation lui reconnaît le développement de solutions pratiques et évolutives qui s’intègrent parfaitement aux moyens de subsistance de ceux qui en ont le plus besoin.
Laurianne Ploix