Le film Marinette, réalisé par Virginie Verrier (à 2h de Paris) est sorti en salles le 7 juin dernier. Il s’agit du premier biopic français consacré à une sportive française : Marinette Pichon, première footballeuse professionnelle française et longtemps recordwomen du nombre de buts en équipe de France (masculine et féminine confondues) avec 81 buts en 112 sélections. Garance Marillier (Grave) incarne la sportive à l’écran, Alban Lenoir son père violent, Emilie Dequenne sa mère et Fred Testot, son premier entraîneur. Un chemin de vie inspirant qui va bien au-delà du foot et reprend à juste titre l’autobiographie de l’athlète sortie en 2019 : Ne jamais rien lâcher, chez First éditions. Nous avons pu échanger avec la championne et son actrice.
Pleine d’entrain Marinette Pichon est accueillante et souriante, elle nous confie avec émotion : « Je connais ma vie, j’aurais dû savoir à quoi m’attendre et pourtant j’ai bien pris l’ascenseur émotionnel du film ». Inspirée des biopics américains, le film va vite, est très musical et se base sur les émotions et les grands moments de vie de la championne. « Les scènes intimes sont plus compliquées à revivre que les images sportives. La scène où Garance s’interpose devant le père voulant taper sa mère, chaque fois que je la vois je la revis et la prends en pleine face. Mais j’ai choisi de le rendre public et donc de vivre avec parce que je crois que ça peut aider les gens. J’ai réussi à m’en sortir avec un père violent et abusif, ça prouve que d’autres personnes qui vivent la même chose peuvent également y arriver ».
Transformer les failles en forces
Pour la jeune actrice Garance Marillier : « Le personnage de Marinette est quelqu’un d’hypersensible mais de déterminé, cela me semblait important de montrer les 2 aspects : sa force et ses failles. Et avoir autant de matière à jouer, c’est un cadeau. Pour autant, aucune scène n’était simple à jouer, car elles étaient toutes intenses que ce soit sportivement pour les scènes de foot, où je n’ai eu aucune doublure, ou bien émotionnellement, dans les scènes de confrontation au père ou à son ex-compagne ».
Marinette Pichon a été l’une des première sportives médiatisées à assumer son homosexualité. « Pour moi, il est important ne pas avoir de tabou. Une orientation sexuelle ne doit pas être un tabou. Depuis que je l’ai dit je suis plus tranquille. J’en avais marre de me cacher et je voulais juste vivre pour moi. Et puis vous savez, une femme qui aime les femmes vit les mêmes difficultés de couple que les hétéros. Prendre des décisions, s’engager avec quelqu’un, c’est important mais parfois c’est difficile. Au sein de mon couple, quand je jouais aux Etats-Unis, j’avais peur, j’avais fui ma famille avec ses troubles psy et je reproduisais la même chose, ce n’est pas simple de sortir d’un engrenage, heureusement que mes coéquipières m’ont aidée et soutenue. Mais maintenant, j’ai un radar ! », lance dans un sourire la championne. « Quand on connaît des violences ou des abus, souvent on reproduit ces schémas dans nos choix de couples, car c’est étrangement notre zone de confort, enfin d’inconfort, mais connu donc de confort. Il faut réussir à en sortir et oser aller vers l’inconnu », complète la jeune actrice.
La sportive a d’ailleurs souvent confié que ses failles étaient ce qui lui avait donné la rage de se battre au foot et de réussir, tout comme le soutien inconditionnel de sa mère. « Ma mère, c’est mon héroïne. Elle s’est battue pour nous maintenir en vie. Elle était là, le phare à l’horizon. Emilie Dequenne l’a très bien interprétée. », explique la championne. Quand on demande aux deux femmes de résumer le message du film en un mot, Garance choisit la résilience et la tolérance, Marinette fera une phrase : « Ce film parle de violences conjugales, d’handicap, d’homosexualité, des inégalités dans le sport et j’espère qu’il donne de l’espoir. C’est un besoin pour moi, aujourd’hui dans ma vie, d’espérer que certaines personnes se rendent compte que même si c’est compliqué, elles ont un avenir. »
Un hymne au foot féminin
« Les scènes de foot ont été tournées avec de vraies joueuses de foot et un robot utilisé habituellement dans la retransmission des matchs, afin d’avoir de jolies scènes de courses et des actions ancrées dans la réalité. On espère qu’il fera bouger les choses au sein de la fédération française de football, qu’elle soutienne plus le foot féminin. », explique Garance Marillier. « On a progressé depuis le temps où je jouais, mais il faut continuer et professionnaliser le foot féminin français pour ne pas que les bonnes joueuses partent à l’étranger. à Montpellier, à Lyon et à Paris, on s’engage pour le foot féminin, il faut continuer », poursuit Marinette Pichon. Quand on lui pose la question sur les rivalités dans le sport de haut-niveau, Marinette répond qu’elle n’est pas la seule à l’avoir vécu et que c’est un problème qu’elle a surtout rencontré en France, qu’il faut les dépasser pour défendre ensemble le foot féminin et lui créer une place dans les médias, dans les clubs et dans les mœurs.
Laurianne Ploix
Retour vers la catégorie : Education, sport & Bien-être