De la simple colocation à la véritable copropriété, l’habitat participatif est une initiative collective qui tend vers un « vivre mieux ». Le 15 novembre dernier, Kaizen et le Goethe Institut Lyon organisaient une rencontre autour du thème des oasis de vie en partenariat avec TVB. A l’heure des grands défis économiques, sociaux et écologiques, cette forme d’habitat finalement ancestrale semble être actrice d’un futur plus responsable. Plusieurs acteurs et spécialistes du sujet intervenaient lors de la conférence devant un public toutes générations confondues, la salle étant à peine assez grande car les intéressés étaient venus nombreux. Stylo en main, on prend des notes.
Solidarité, partage, entraide, intelligence collective sont tout autant de notions inhérentes à tout projet d’habitat participatif qui est finalement est un lieu de vie qui se conçoit, se finance, se gère et se vit de manière collective entre particuliers. En milieu rural ou urbain, souvent intergénérationnel, mixte socialement et culturellement, l’habitat participatif est ouvert à tous sans conditions. Ecoquartier, écohameau, les conceptions sont diverses et peuvent s’accompagner de partenariats publics ou privés. Des projets ambitieux mais non moins réalisables.
Autonomie, partage et convivialité : la communauté est source de richesse
Les raisons qui incitent à franchir le pas et vivre en habitat participatif sont diverses : politiques, écologiques, financières, mais le bénéfice humain est souvent cité. L’intention de base est d’assurer la qualité des relations humaines. L’habitat participatif est ordinairement un lieu ou toute hiérarchie est prescrite. Certains peuvent faire preuve de leadership naturel, ou être enclins à fédérer. Néanmoins, l’idée même de structure coopérative induit que la vie et l’espace s’organisent autour de réflexions, de décisions et d’actions communes, respectant les attentes et les motivations de chacun. Ici aussi, les méthodes varient : réunions, chartes… Il faut pouvoir créer une démocratie du consensus, permettant l’épanouissement de chacun, et réapprendre le vivre ensemble d’autrefois. L’organisation est essentielle pour fixer les piliers d’un mode de vie serein et avant-tout durable.
Comme il l’a été souligné justement par les différents intervenants de la conférence, un rêve commun fédère. Afin qu’un projet d’habitat partagé puisse aboutir, il est essentiel de garder de vue le but à atteindre, sans se décourager à la première bataille. Et une fois le projet lancé, la diplomatie et la confiance sont des forces à utiliser lors des échanges.
Quand l’union fait la force
A plus grande échelle, de tels projets ont un impact local positif : ils peuvent re-dynamiser le tissu local en accueillant en leur sein les initiatives locales, en servant d’espace de coworking ou en recevant les associations pour le maintien d’agricultures paysannes (AMAP) qui proposent des paniers de produits de producteurs locaux, entre autres exemples. De plus, l’habitat participatif peut aider à re-dynamiser des centres-bourgs, contrer le pavillonnaire… Un appui de professionnels et d’experts de l’Habitat est généralement utile, autant pour rassurer que pour renforcer la crédibilité de l’initiative.
Anastasia Morhain, jeune urbaniste lyonnaise fraîchement diplômée semble déjà convaincue de l’échange bénéfique entre les acteurs du projet et les collectivités territoriales : « Pour moi c’est avant tout une bonne chose pour les collectivités territoriales dans le sens ou une mixité sociale ou générationnelle se constitue de manière spontanée. C’est ce genre d’objectifs que tentent d’atteindre certaines politiques publiques et le fait que ce soit effectué directement par l’usager est une bonne chose. Les habitats participatifs sont des objets à penser impérativement, pour la ville de demain ».
Des soutiens multiples
Lors de la conférence du 15 novembre, Sylvain, « compagnon oasis », nous explique que l’intérêt du projet Oasis qu’il défend est de constituer un réseau efficace permettant l’échange de connaissances autour des principaux piliers de l’habitat participatif : écoconstruction, ouverture extérieure, mutualisation, partage de biens et d’expériences, gouvernance et respect d’autrui. Les compagnons d’oasis sont des professionnels travaillant en réseau collaboratif, formés et conventionnés par le mouvement Colibris, prodiguant accompagnement bienveillant et expertises compétentes. En effet, toute aide est précieuse dans la réalisation d’un projet d’habitat participatif, qui se heurte parfois à quelques difficultés : enjeux sociaux, prêts d’argent, dialogues avec les banques, convaincre les élus… L’association Habicoop apporte également soutien et support aux futures coopérations d’habitants, et aide à l’éclosion de coopératives très variées.
L’intérêt pour ce type d’initiatives est aujourd’hui croissant, la conscience s’éveille et il existe aujourd’hui environ 480 oasis en France, à différents stades de développement. Et face à ces nouvelles initiatives porteuses d’espoir, on ne peut qu’être persuadé qu’une cohésion humaine, moteur d’un futur plus responsable, collectif et conscient n’a plus rien d’utopique. L’idée de transmission apparaît déterminante également. Être et créer ensemble revient à retransmettre à la société des modèles nouveaux ou des alternatives oubliées.
Virginie Phelippeau
La solution proposée : Imaginer de nouvelles formes d’habitats pour répondre à nos besoins.
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