Pensée par Elodie Arnouk en 2018, la start-up lyonnaise The hope gallery propose un concept unique. Elle rallie associations, artistes et donateurs pour financer des projets caritatifs. Un don d’un euro correspond à un pixel d’une oeuvre mystère ! Pour chaque don versé, un morceau de l’oeuvre d’art numérisée se révèle. The hope gallery, pensée par Elodie Arnouk en mars 2018, propose une plateforme de donations à la fois ludique et artistique. Le processus de collecte permet de visualiser davantage l’impact des dons. TVB a rencontré la fondatrice pour en savoir plus.
TVB : Pouvez-vous nous présenter brièvement votre parcours ?
EA : J’ai suivi un master en relations internationales et parcours ONG. Quand je suis rentrée en France après toutes mes années d’expatriations, je suis entrée activement dans le monde associatif culturel. J’ai aussi travaillé pendant trois ans chez Rezo Zero, une agence digitale qui évolue dans les domaine des industries culturelles.
TVB : Comment l’idée de The hope gallery est-elle née ?
EA : J’avais envie de travailler dans la collecte de dons. Je trouvais cela dommage qu’il n’existe pas de plateforme où les donateurs se sentent ensemble pour créer un impact. En plus le processus de donation me paraît douloureux – le recrutement caritatif dans la rue n’est pas agréable, alors que la finalité est très positive. Le problème aussi avec la collecte du don, c’est que les associations ne communiquent pas assez sur l’impact qu’elles créent. Donc on a l‘impression d’être face à un puits sans fond, que rien ne sera jamais réglé. Au bout d’un moment, c’est bien aussi de rappeler aux donateurs que des choses vont mieux et progressent !
J’ai donc réfléchi à une manière de rendre le processus plus amusant et plus concret. J’ai été inspirée par un projet qui a eu lieu dans les années 2000. Un entrepreneur anglais n’avait pas d’argent pour financer ses études, il a donc eu une idée. Il a créé un site internet de 1000 pixels par 1000 pixels qu’il a appelé Million dollar home page. Chaque pixel valait 1 dollar et était à vendre. En 6 mois, il a récolté un million !
TVB : Qu’est ce qui différencie votre projet de la million dollar home page ?
EA : Avec The hope gallery, je voulais monter un projet qui soit, lui, répétable, puis joli et altruiste. On peut digitaliser une oeuvre d’un artiste engagé, avec qui on choisit une action à financer plutôt qu’une cause globale, comme cela on a un objectif de collecte. Un don permet de découvrir des morceaux de pixels, c’est ainsi que l’œuvre se dévoile petit à petit. En mars 2018, quand l’idée est venue, j’étais dans la salle de réunion de l’agence digitale Rezo Zero. J’en ai discuté avec l’équipe et nous nous sommes vite rendu compte que le projet nécessitait d’avoir sa propre vie. On est donc entrés en incubation et on a gagné le concours de la 7ème édition de Lyon Startup !
TVB : Est-ce que vous pouvez nous décrire les étapes du processus de donation ?
EA : Cela commence par l’artiste. Il va nous confier ce qui le touche. Par exemple, le street artiste OakOak avec qui nous travaillons en ce moment, nous a confié qu’il est particulièrement sensible à la cause animale. Je lui ai donc proposé diverses associations et ONGs et quand je lui ai parlé du Dispensaire Vétérinaire Étudiant de Lyon, une organisation qui soigne gratuitement les animaux des personnes en situation précaire, cela a fait sens pour lui.
L’artiste va ensuite créé une oeuvre, pas nécessairement en lien avec l’action caritative, que nous mettrons en ligne. Nous fragmentons les pixels par rapport au nombre d’euros que nous avons besoin de collecter pour financer l’action que nous avons choisi avec l’association. 3300 euros équivaut donc à 3300 pixels. Dès que quelqu’un fera un don, l’argent va directement à l’association. Chaque personne qui fait un don reçoit des pixels attribués (10 pour un don de 10 euros par exemple). Lors de la révélation, on tirera un au sort un pixel. C’est un peu comme le ticket d’or de Willy Wonka. La personne à qui appartient ce pixel gagnera l’oeuvre originale. Donc plus on donne plus on maximise ses chances de gagner l’oeuvre.
TVB : Comment l’artiste et la start-up sont rémunérés ?
EA : Les artistes ont envie de s’engager mais ils ont aussi besoin de vivre. A partir de l’oeuvre originale nous éditons donc des reproductions numérotées et signées, que nous vendons sur notre boutique en ligne. Nous prenons une commission dessus. Si une entreprise décide d’organiser un mini gala de charité en soutenant une association, nous organisons l’événement et nous facturons donc une prestation de service.
TVB : Vous vous êtes engagé dans combien d’opérations depuis la création de The Hope Gallery ?
EA : Nous avons pour le moment effectué deux collectes. Pour la première, nous avons fait appel au photographe Nicolas Comment. L’argent a été reversée à la fondation Abbé Pierre. Lors de la soirée de lancement, 34 % de l’oeuvre avait été révélée. Les dons avaient continué sur internet pour atteindre 85 %. Les 25 % restants ont étaient versés lors de la soirée de clôture. Nous collectons actuellement 3000 euros pour le dispensaire étudiant.
Nous sommes aussi en train de préparer une opération pour entrepreneurs du monde avec l’artiste Don Mateo. Chaque fois que j’arrive à finir une action, je me dis que nous n’avons certes pas sauvé le monde, mais nous l’avons un peu amélioré. Puis, toutes ces personnes qui ont participé, elles n’ oublieront pas l’association, elles sauront qu’elle existe.
TVB : A quoi ressemblera The hope gallery dans 5 ans ?
EA : Notre objectif est d’être un acteur reconnu dans l’art solidaire. Notre vision à long terme serait de connecter des ONG très connues avec des artistes émergents afin qu’ils puissent bénéficier de davantage de visibilité et inversement. A terme, nous souhaitons aussi rendre le pixel personnalisable. En zoomant dans l’oeuvre, il sera possible de voir que ton voisin de pixel vient de Turquie par exemple ! Nous avons pleins d’idées de développement. Nous aimerions aussi que des artistes d’autres médiums puissent s’engager. Que les œuvres soient aussi cinématographiques ou musicales.
Marion Joubert
La solution proposée : Rendre l’action de donner agréable en y incorporant une dimension artistique et ludique.