Il existe depuis 1973 un supermarché peu ordinaire dans le quartier de Park Slope à Brooklyn, New York. Pour pouvoir y faire ses courses, il faut en être membre et y travailler bénévolement 2h45 par mois. En contrepartie ? L’assurance d’y acheter une sélection de produits frais, organiques et moins chers qu’ailleurs. Maellane Bonnicel et Tom Boothe y ont posé leur caméra et réalisé un documentaire immersif projeté en avant-première au Comoedia en avant première : Food Coop. Le Tout Va Bien était présent et revient aujourd’hui sur le film ainsi que le débat qui a suivi.
Le film
Dès l’ouverture, le ton est donné : la caméra subjective nous immerge dans la Food Coop de Park Slope et nous invite à observer son insolite fonctionnement de l’intérieur.
Durant l’heure trente-sept qui va suivre, les spectateurs pourront suivre au plus près une poignée de membres s’activer dans les méandres de ce supermarché en apparence ordinaire. Sauf que, derrière la caisse, en rayon ou dans l’espace de livraison se tiennent en réalité une psychanalyste, un graphiste et un instituteur. Première surprise d’une longue liste !
Au-delà de statistiques parlantes et de comparaisons criantes avec d’autres types de supermarchés, le documentaire interpelle dans son aspect humain de l’expérience du supermarché coopératif. Même si les chiffres et données aident à quantifier et appréhender de quoi est fait cette food coop, c’est davantage l’expérience humaine qui sert le propos du film et saisit le spectateur. Comme par exemple lorsqu’on suit ce walker faire un bout de chemin avec ceux qui viennent de faire leurs courses. Ou cette femme qui fait deux heures de trajet de la coopérative à chez elle, montrant ici le degré d’investissement de certains. Ou encore ce jeune membre fraîchement débarqué que l’on suit dans sa quête d’attaches pour les sacs du rayon des fruits secs.
Qu’elles relèvent de l’anecdotique ou non, les différentes situations servent le film dans sa volonté à montrer au public la réalité des adhérents d’un supermarché coopératif, ce qui se trame en son sein mais aussi à l’extérieur, une fois que chacun retrouve son quotidien et sa vie. Une réalité qui contient aussi bien du positif que du négatif sur lequel les réalisateurs ne mettent d’ailleurs aucun voile.
C’est donc avec l’intention de convaincre que des solutions et alternatives économiques à la grande distribution existent dans le combat du peuple contre le capitalisme, mais surtout que ce combat est à la portée de ce même peuple moyennant un peu de motivation et quelques heures de son temps, que Tom Boothe et Maellane Bonnicel ont exploré l’envers du décor de la food coop de Park Slope.
Cette heure trente-sept passée à observer ses mécanismes aura été souvent drôle, parfois inattendue, quelques fois maladroite ou un peu longue, mais surtout optimiste.
Le débat
Le film terminé et le choc culturel indéniable passé, il est temps d’échanger avec Tom Boothe présent ce soir-là. Ce sera l’occasion pour lui d’expliquer à une salle qui s’est vidée de moitié son projet d’importer l’idée de la coopérative alimentaire en France, en commençant par Paris avec la Louve. Ce sera aussi l’occasion de répondre aux interrogations des plus circonspects face, par exemple, à la question concernant la situation d’employé/client qui empêche la création d’emplois.
Raillée par des institutions comme le New York Times dans un pays où « le socialisme est vu comme le diable » et où il est « mal vu de critiquer la grande distribution », Tom Boothe révèle également que la coopérative alimentaire de Park Slope ne bénéficie d’aucun encouragement de la part des médias qui trouvent à l’organisme « trop de règles ». C’est entre autres pour cela qu’aujourd’hui il explique, amusé, son refus de répondre aux médias français comme TF1 ou M6 qui, selon ses dires, « ne comprendraient pas la complexité du projet ».
Dans l’ensemble, ce seront davantage les questions des plus curieux et enthousiastes qui domineront la fin de cette soirée. Accompagné des membres de Demain le supermarché (la food coop lyonnaise en création) et rejoints à la toute fin du débat par Tom Boothe aura échangé avec des spectateurs réceptifs, dont les réactions auront été à l’image de l’intérêt suscité par le documentaire et l’élaboration d’une coopérative lyonnaise.
La Food Coop de Park Slope en quelques chiffres
– Plus de 40 ans d’existence
– 1800 m 2 de surface dont 650 pour la vente
– 17 000 membres dont 20% de salariés (services achats et comptabilité)
Pour plus d’informations, retrouvez un article complet sur les coopératives alimentaires
dans le prochain numéro du Tout Va Bien !
Tiffany Dodement
Les organismes mentionnés :
– https://www.facebook.com/Demainsupermarche/
– http://dons.cooplalouve.fr/
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