

L’association Le Carillon qui propose des micro-services aux sans-abris, comme le fait de pouvoir recharger son téléphone portable dans leurs boutiques, arrive à Lyon. Nous avons rencontré les deux ambassadeurs lyonnais en charge du développement de l’association dans la cité des gones.
L’image et le don
L’un des objectifs principaux du Carillon est la réhabilitation de l’image des sans-abris par la communication d’un esprit de bienveillance auprès des bénévoles et des commerçants partenaires.
Le principe est simple : un commerçant offre des micro-services (café, accès Internet, recharge de téléphone portable, don de livres, accès aux sanitaires, don d’invendus alimentaires, etc.) aux sans-abris. Les horaires d’accès aux services sont laissés à la convenance du commerçant qui les signale sur la devanture de son établissement par des pictogrammes. Les micro-services sont recensés dans un petit guide papier que Le Carillon édite et distribue.
Le commerçant solidaire peut organiser des événements ouverts aux habitants, aux sans-abris et aux bénévoles. Le Carillon envoie également des ambassadeurs auprès des sans-abris, eux-mêmes SDF ou ayant quitté la rue, qui se chargent avec les bénévoles et les partenaires sociaux d’informer les personnes à la rue de l’existence d’un réseau d’entraide de proximité, afin qu’elles sachent quelle porte pousser.
Actuellement, une vingtaine de commerçants et une dizaine de bénévoles lyonnais ont rejoint cette initiative. Au-delà du service rendu, l’idée est de créer du lien et de combattre les clichés persistants sur les sans-abris.
Solidarité et bénévolat… en bas de chez soi
Côté engagement bénévole, Le Carillon prône un investissement souple et volontariste. Les bénévoles disposent en effet d’une grande autonomie. Une petite formation leur est dispensée afin de les préparer à s’adresser aux sans-abris.
Suite à cela, tout bénévole peut proposer un défi à un commerçant de son quartier en lui suggérant de proposer un produit ou un service à prix réduit aux sans-abris. Quelques heures par mois sont suffisantes pour développer un petit réseau solidaire dans son quartier et alimenter avec précision le listing des commerces solidaires.
Pour plus d’efficacité, les bénévoles sont invités à se faire médiateurs dans un secteur restreint, par exemple près de leur lieu de travail ou d’habitation. Ils sont chargés d’animer un réseau de quartier qui leur est familier et d’inviter les commerçants à abriter les événements de l’association. Les réunions mensuelles du Carillon sont ainsi l’occasion d’animer une vie de quartier, de favoriser le lien de proximité et de sensibiliser sur les sans-abris.
À Lyon, l’action du Carillon s’installe progressivement. Valérie et Guillaume tiendront dès septembre une permanence trois matinées par semaine à la Maison des associations de la mairie du 4e arrondissement. L’association étant toujours en recherche de locaux, il s’agira d’une première étape avant sa sédentarisation.
L’équipe à l’origine du projet
Association parisienne fondée en 2014 par Louis-Xavier Leca, La Cloche se situe dans le 11e arrondissement de Paris. Elle a développé dans la capitale un réseau d’entraide de proximité entre habitants, commerçants et sans abris, Le Carillon. À Paris, on peut les trouver dans le très innovant collectif urbain Les Grands Voisins. Et c’est dans le second arrondissement lyonnais que Guillaume Masson et Valérie Rebiscoul coordonnent l’implantation du Carillon en terre lyonnaise.
Valérie Rebiscoul a été graphiste durant seize ans avec, en parallèle de son activité professionnelle, divers engagements associatifs (la Croix-Rouge, Solidarité sida). Elle est désireuse de dédier davantage de temps à l’économie sociale et solidaire et sa rencontre avec Louis-Xavier Leca la convainc de se consacrer à temps plein au Carillon. Nouvellement lyonnaise, elle prête main forte à Guillaume Masson.
Le coordinateur lyonnais du Carillon a également fait le choix de professionnaliser son engagement associatif. Gestionnaire de biens immobiliers durant six ans, il a à son actif quatre années de bénévolat au Samu social de la Croix-Rouge française et à Médecins sans frontières.
Guillaume Masson se consacre aujourd’hui exclusivement et bénévolement à l’implantation du Carillon à Lyon.
Le tandem est donc rompu à l’engagement associatif. Et il a fort à faire. Rencontres avec les partenaires institutionnels et associatifs lyonnais ; recrutement, formation et animation du réseau des bénévoles ; recherche de financements… Des activités tous azimuts.
Les Grands Voisins
Fondé en 2015 par l’association Aurore, Yes We Camp et Plateau Urbain, le projet a massivement investi les espaces temporairement vacants de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris. En attente de sa reconversion urbaine, le site a été transformé en lieu de production artistique, à la fois centre d’hébergement social et pépinière de jeunes entreprises et associations.
Mia Scanzi
La solution proposée : Récréer le lien avec les sans-abris.
Pour aller plus loin :
lesgrandsvoisins.org
www.lecarillon.org