Au cœur de Messimy, dans le Rhône, se trouve un village avec la particularité d’accueillir des personnes autistes d’un certain âge, nécessitant des soins et un accompagnement adaptés. Depuis une dizaine d’années, ce foyer d’accueil médicalisé, situé dans l’ouest lyonnais, leur apporte un accompagnement précieux, tout en leur permettant de garder de l’autonomie.
« Ah, je le reconnais, c’est Manuel qui traverse l’allée, cela fait un petit moment qu’il est là, je vais voir s’il se souvient de moi », s’exclame tout sourire Annick Tabet, vice-présidente de Sésame Autisme Rhône-Alpes et de la Fédération nationale de la plus ancienne association accompagnant des personnes diagnostiquées avec des troubles du spectre de l’autisme (TSA). « Oui, tu es la maman de Jérémy », répond Manuel. « J’ai bien connu ses parents, c’est la raison pour laquelle nous avons pensé ce lieu. Les parents qui ont créé l’association, avec, dans un premier temps, un établissement spécialisé à Chaponost, voyaient leurs enfants grandir et commencer à vieillir. Ils voulaient trouver une solution pour quand ils ne seraient plus là pour les accompagner », précise Annick Tabet. C’est ainsi que naissait, il y a une dizaine d’années, le village Sésame de Messimy, dans le Sud-Ouest lyonnais, un véritable village situé au cœur du bourg dont les habitants ne sont que des personnes autistes vieillissantes.
36 résidents au cœur du village Sésame
Une fois le portail du village passé, le lieu se dessine comme une rue, où chaque unité a été pensée comme une maison individuelle comportant les chambres et salles de bain de chaque résident, qui leur permet, à la fois, une forme d’autonomie, tout en proposant un accompagnement individualisé selon leurs besoins de santé, puisqu’il s’agit d’un foyer d’accueil médicalisé. « Tout le personnel médical est formé aux TSA, alors que dans la formation globale, peu de temps y est consacré. Ici, les résidents viennent de familles, des hôpitaux, ont un diagnostic de TSA, qui a parfois été très tardif, puisque lorsqu’elles étaient enfants, le diagnostic d’autisme n’existait même pas encore. On s’est aperçu depuis que grâce à une médiation et à un environnement appropriés, les choses pouvaient s’améliorer pour les personnes avec TSA », souligne Isabelle Sauvageon, directrice du village Sésame. Pour ce faire, il a fallu 5 ans, pour penser correctement le projet, le lieu et l’adapter au mieux à leurs besoins. « Il y a 8 personnes maximum par unité, représentées par des maisons. La localisation est au cœur de la commune de Messimy, près des écoles, de la boulangerie, d’une pharmacie, pour leur permettre d’aller et venir. Au total, 36 résidents vivent au sein du village, un chiffre restreint, là-aussi, pour correspondre aux besoins des patients. Tout a été pensé pour limiter le bruit, les lumières, puisqu’ils y sont très sensibles », ajoute Annick Tabet.
Une nouvelle extension pour répondre aux besoins
Les résidents sont pour certains arrivés vers 45-50 ans et nombre d’entre eux vivent au village depuis l’ouverture. « L’idée est de les accompagner jusqu’à leur fin de vie. Les personnes vont vivre plus longtemps ici, car elles vont être accompagnées et beaucoup de préventions vont être faites pour qu’elles ne perdent pas au niveau physiologique, ce qui est un peu le risque chez ces personnes », détaille la directrice adjointe de l’établissement. Des activités leur sont aussi proposées, telles que des cours de cuisine, des ateliers de lecture, de piscine. Rien ne leur est imposé et les personnes peuvent s’y rendre en fonction de leurs envies. Le projet se voulait aussi inclusif, avec des moments partagés avec les habitants de Messimy, une partie qui a dû être mise à l’arrêt à cause de la pandémie. Les besoins d’accompagnement, eux, avec le vieillissement de la population et le nombre de diagnostics croissants, sont de plus en plus importants. C’est pourquoi une structure annexe est prévue pour accueillir 8 nouveaux venus au sein du village.
Elodie Horn