A Lyon, l’association La Traboule accompagne 30 jeunes autistes âgés d’entre 20 et 30 ans dans leur transition vers l’âge adulte. Le dispositif s’adapte aux projets et aux besoins spécifiques des personnes atteintes d’un TSA à cet âge charnière de la vie.
Les traboules sont bien connues des Lyonnais : ce sont ces passages étroits entre des immeubles, faisant communiquer deux rues. L’association La Traboule a fait sienne la notion de passage pour évoquer celui – complexe – de l’adolescence vers l’âge adulte que vivent les jeunes autistes.
L’association a été créée en 2012, pour accompagner vers l’inclusion et l’autonomie les jeunes autistes âgés d’entre 20 et 30 ans, à la suite du constat de l’absence de dispositif au-delà de 20 ans, créant une rupture de l’accompagnement. « Les jeunes qui nous arrivent ont eu un diagnostic à l’âge de 15 ans en moyenne, donc ils ont eu un parcours chaotique. La spécificité des 20-30 ans, c’est que c’est une période charnière de transition vers l’âge adulte. Avant, ils ont eu un parcours très structuré autour d’eux. Arrivés à l’âge adulte, les possibilités d’avoir un AVS sont moindres, la poursuite d’études est compliquée… D’un coup, tout éclate ! », explique Michelle Coates-Blanchoz, cheffe de service de La Traboule. L’association dispose de 30 places pour l’accueil des jeunes qui doivent avoir un diagnostic de TSA sans déficience intellectuelle, une notification d’orientation et être autonome dans les déplacements.
Une équipe pluridisciplinaire
Les bénéficiaires rencontrent les professionnels de l’association (orthophoniste, ergothérapeute, psychomotricien, psychologue, etc.) qui observent, chacun dans leur domaine, leurs compétences et difficultés et établissent des préconisations pour tendre vers le projet personnel. « Nous intervenons dans quatre domaines : la socialisation, l’accès au logement, l’accès à une activité (études, emploi, bénévolat…) et nous travaillons en coordination avec les professionnels du soin, ajoute Michelle Coates Blanchoz. Au début, nous intervenons à domicile et nous intégrons un apprentissage à mener, par exemple réaliser une recette de cuisine. La personne doit ensuite venir le réaliser dans le service pour voir s’il parvient à le généraliser dans un autre environnement. » Dans cette quête d’autonomie, La Traboule réalise un accompagnement sur mesure (4 ans ½ en moyenne) avec chaque bénéficiaire, mais aussi la famille : « Nous travaillons étroitement avec elle, ne serait-ce que pour lui apporter des connaissances sur ce que sont l’autisme et ses répercussions, car elle manque souvent d’informations ou en a une mauvaise compréhension », ajoute Catherine Durand, directrice adjointe du Pôle Pléiade de l’ARHM, qui chapeaute l’association.
Neuf ans après sa création, l’association a accompagné une petite centaine de jeunes autistes. « 85 % arrivent en vivant dans leur famille et 43 % d’entre eux ont un logement autonome ensuite », précise-t-elle. « Au début, ils viennent car c’est le souhait de leur famille mais finalement la majorité aspire à avoir un logement », ajoute Michelle Coates-Blanchoz. Un logement « passerelle », dans lequel les jeunes peuvent expérimenter la vie en autonomie de façon encadrée est d’ailleurs très utilisé. « C’est sûr qu’il faudrait davantage de services comme le nôtre pour mieux accompagner les jeunes et on manque de professionnels spécialistes de l’autisme pour prendre le relai », constatent les professionnelles. « Dans un monde idéal, il y aurait un travail d’information à tous les niveaux sur ce handicap, qui souffre d’une grande méconnaissance », ajoute la cheffe de service.
Marie Albessard