Le 4 décembre dernier a eu lieu la première soirée Buycott de l’association I-boycott qui promeut un boycott bienveillant laissant un droit de réponse aux grandes entreprises boycotées. L’occasion de remettre des labels citoyens aux entreprises votées comme les plus responsables via le web.
Crée fin 2015 par les frères Acar, Bulent et Levent, l’association compte déjà 13 antennes dans 3 pays différents (France, Suisse et Belgique). Les rangs, bien remplis, de l’amphithéâtre René Cassin démontraient la diversité des publics touchés : étudiants, bénévoles, sympathisants, partenaires institutionnels et privés. Le succès grandissant de I-Boycott réside dans le fait de répondre largement au besoin de redevenir acteur de sa consommation.
La plateforme en ligne permet à chaque citoyen de pouvoir lancer sa propre campagne de boycott. Celle-ci doit être rédigée de manière responsable, bienveillante et objective. Les membres de la communauté sont alors invités à apporter leurs améliorations afin de consolider la campagne. Une fois le seuil fixé de boycottants atteint, les entreprises concernées sont alors informées et invitées à répondre. A la suite de la diffusion de leur réponse sur la plateforme, les boycottants peuvent alors décider de maintenir la campagne ou bien de la clôturer. L’entreprise Petit Navire a ainsi été amenée à prendre des engagements de pratiques de pêche plus durables. I-boycott représente un nouveau moyen de nouer un dialogue entre les multinationales et les citoyens. L’association dispense également des formations et des ateliers de sensibilisation à la consommation responsable, grâce à l’aide de nombreux bénévoles répartis sur tout le territoire.
L’organisation de la soirée empruntait les codes de communication des écoles de commerce. La prise de parole de chaque intervenant était ainsi chronométrée de manière ludique. Rien de très étonnant comme on sait que Bulent a été élève à l’IFAG. Son frère Levent a quant à lui suivi une formation d’ingénieur. Ils représentent bien cette nouvelle génération formée dans des cursus classiques, réputés formatés, qui se servent de leurs connaissances pour construire des projets innovants et socialement responsables. Le directeur du développement de l’IFAG, Alexandre Chabance, invité à prendre la parole, a d’ailleurs fait part de son scepticisme au lancement du projet. Force est de constater que l’association, en seulement 2 ans d’existence, est parvenue à faire bouger les lignes grâce au formidable levier que constitue le numérique. Bruno Charles, Vice-Président de la Métropole en charge du développement durable, Nicolas Schvob représentant la Chambre Régionale de l’économie sociale et solidaire et Alain Scappaticci, Directeur Général de l’école 3A ont évoqué l’importance de la prise de conscience du rôle de consomm’acteur au sein de la société civile et d’un management plus respectueux des individus au sein des entreprises.
Du côté des entreprises partenaires, on pouvait retrouver des organisations déjà engagées dans des démarches de responsabilité sociétale et environnementale et tout naturellement acquis à la cause de I-boycott : groupe SEB, Synabio : syndicat des transformateurs de produits bio, label Cosmebio, slow cosmétique : plateforme en ligne de cosmétiques naturels et bio, Lilo : moteur de recherche qui permet de financer des projets sociaux et environnementaux, Karethic : produits à base karité bio et équitable, fair booking : plateforme de réservation sans commission pour les hôtels, Bjorg Bonneterre et Compagnie et la Foncière ETIC. Leur engagement pour I-boycott participe ainsi à créer un cercle vertueux entre le secteur privé et les consommateurs, I-boycott jouant ainsi un rôle de catalyseur. Chaque partenaire a ensuite remis un trophée aux structures ayant reçu le label buycott. Celui-ci récompense les entreprises ayant été les plus plébiscitées comme alternatives, par les votants, sur la plateforme. On retrouve Alter Eco, produits bio et équitables, la société financière coopérative la Nef, 1083 : jeans et chaussures de fabrication française, slow cosmétique, artisans du Monde, l’entreprise d’insertion Envie qui réhabilite du matériel électroménager, l’Increvable qui commercialise une machine à laver conçue pour durer et être réparée, Hopaal qui propose une gamme de vêtements recyclés et quat rues qui fabrique des t-shirts en coton bio équitable.
Les frères Acar n’ont pas oublié de faire plaisir au public présent grâce à un tirage au sort avec de nombreux lots de partenaires à gagner : produits équitables et bio, location de 6 mois dans un espace de co-working et même un weekend dans un hôtel spa à Annecy. La soirée s’est terminée par un buffet de produits équitables et bio. Aucun faux pas, la cohérence du projet est respectée jusqu’au bout.
L’initiative I-Boycott est bien partie sur sa lancée. Elle ne semble pas prête à s’arrêter en si bon chemin, remportant facilement l’adhésion d’un nombre grandissant de personnes, convaincues par la volonté et l’engagement de ses deux fondateurs.
Emilie Jacquemier
La solution proposée : inciter au commerce responsable par un boycott constructif et des labels repères.